Ghana : vers la fin des infanticides rituels ?
10 mai 2013
C'est un premier pas, modeste mais symbolique, vers le respect des droits des enfants au Ghana. À la fin du mois d'avril, sept villages du nord de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest (25 millions d’habitants) enclavé entre la Côte d’Ivoire et le Togo – Kandiga, Manyoro, Mirigu, Nabango, Natugnia, Sirigu et Yua – ont décrété l'abolition des meurtres d’enfants dits « sorciers ». Désormais, cette pratique sera sanctionnée, et ses auteurs, livrés à la police s’ils sont pris sur le fait.
Dans les zones rurales du Ghana, la croyance en la sorcellerie demeure prégnante, alimentée à la fois par la pauvreté et l’ignorance. Lorsqu’un enfant naît avec une infirmité physique, il est généralement considéré par la communauté comme « possédé » par des esprits maléfiques. Beaucoup y voient le signe d’un malheur imminent. Pour éradiquer le « mal », la méthode ne varie guère : une fois l’oracle consulté, et son « verdict » rendu – parfois à la hâte, sans même prendre le soin d'examiner l’enfant –, celui-ci est amené à boire une décoction mortelle...
Plusieurs milliers d’enfants auraient été victimes de ce rituel archaïque et barbare. Aujourd’hui, grâce à un meilleur accès aux soins et à des campagnes de sensibilisation menées par certaines ONG, dont AfriKids, la maladie suscite davantage de compréhension. Mais beaucoup reste encore à faire pour faire évoluer sensiblement les mentalités. Dans d’autres parties du nord du Ghana, en effet, des femmes âgées accusées d’être des « sorcières » sont toujours chassées de chez elles et internées dans des camps...
Pour aller plus loin : voir le documentaire People & Power, du journaliste ghanéen Anas Aremeyaw Anas, qui a mené une enquête approfondie sur le sujet.